L’œil du visiteur s’attarde parfois sur deux détails, discrets mais révélateurs, dans cette chambre d’adolescente à Blois : des badges de festivals accrochés à un radiateur, mêlés à des médailles sportives ; et, suspendue au-dessus de la porte, une petite guitare. C’est la chambre de Solène. C’est là que tout commence.
Dans cette famille, la musique est un souffle permanent. Les parents chantent en chorale, la mère joue du piano, le père de la guitare, le frère du saxophone puis du piano également. Solène, elle, découvre très tôt le chant, d’abord à l’école à travers des opéras pour enfants, puis dans une chorale en CP, avec ses copines. La scène, l’harmonie, les émotions partagées : tout résonne en elle.
Elle choisit le violon. Le conservatoire lui offre une base technique solide, une ouverture au solfège, à l’orchestre… mais la pression de la performance finit par l’éloigner de l’élan initial. Alors elle bifurque : elle met la musique de côté, s’investit dans le basket, jusqu’au jour où une envie revient. Une demande simple à son père : « Tu me prêtes ta guitare ? ». À partir de là, elle apprend seule. YouTube devient son professeur, l’envie son moteur. Elle reprend, elle chante, elle crée. Les mélodies arrivent, les mots aussi. Et sans vraiment le choisir, c’est en anglais qu’elle écrit.
Ce choix s’enracine dans une rencontre déterminante : Mrs T., une professeure d’anglais au lycée, qui repère son talent et l’encourage à chanter ses propres chansons devant la classe, puis à perfectionner ses textes. Une collaboration et une amitié naissent. Plus tard, à l’université, une autre figure marquante, Mrs G., lui fait découvrir le Soundpainting et la dirige vers la recherche. Son mémoire sera publié. Solène devient professeure des écoles, un métier où elle transmet avec le même engagement que ceux et celles qui l’ont inspirée.
Mais la musique ne l’a jamais quittée. Elle enregistre, compose, s’équipe pour mixer chez elle, joue sur scène, forme des duos ou trios avec d’autres musiciens. Parmi eux, Cédric, ex-baby-sitter devenu trompettiste pro, avec qui elle partagera des scènes. Ou encore Ricky, un Suédois qui la contacte après avoir entendu sa chanson “My Rainbow” en ligne, et en propose une orchestration. Ce titre lui permettra d’être sélectionnée au tremplin RTL2 Pop Rock Tour, où elle se produit seule en scène à Bourges, guitare en main, avec une assurance saluée par le public et les pros.
Aujourd’hui, sous le nom Enelos, elle sort son premier album, “Let the Body Play…”, qui explore le corps comme point d’origine de la voix, comme territoire sensible, vivant, mouvant. Elle s’y livre entièrement, entre ballades folk et textures plus électriques, dans une langue qui lui est devenue naturelle : l’anglais.
Sur scène, seule ou accompagnée, Enelos propose une musique habitée, sincère, où la voix reste le fil conducteur d’un parcours singulier.