Bio

L’œil avisé du visiteur de passage qui pénètre dans cette pièce peut être arrêté par deux détails insolites qui ne surgissent pas au premier regard mais se découvrent discrètement et en disent long sur la personnalité de l’habitante. En effet, pendent, accrochés au radiateur, d’une part un lot de badges d’artistes de différents festivals de musique, mêlés d’autre part à plusieurs médailles de récompenses sportives. Et, en levant la tête, on peut voir une petite guitare électro pendue au-dessus de la porte. Cette pièce, c’est la chambre de Solène, chez ses parents, à Blois, là où tout a commencé…

Le chant a très tôt accompagné la vie de Solène puisqu’en plus de participer à des activités musicales scolaires qu’ont constituées plusieurs opéras, en classe de CP elle rejoint une première chorale avec ses copines. Il faut dire que sa mère chante tout le temps et fort bien. D’ailleurs, dès son premier âge, une fois par semaine, une ou un (à suivre) baby-sitter vient à la maison pour la garder car ses parents se rendent à leur répétition… de chorale. Elle assiste à quelques concerts. À l’issue de l’un d’eux, elle dit vouloir s’initier au violon.

La pratique instrumentale ne tarde donc pas non plus. Elle avait reçu en cadeau une petite guitare, celle qui est toujours accrochée au mur de sa chambre chez ses parents, et c’est son père qui lui montre les premiers rudiments de l’instrument à six cordes. Mais c’est le violon qu’elle a choisi, d’abord en cours particulier puis au Conservatoire de Blois. Cela lui permet d’acquérir une bonne pratique de l’instrument et une solide formation de solfège tout en lui donnant l’occasion de jouer en orchestre. Et puis, en famille, on joue aussi à certaines occasions. Le frère de Solène, initié à la clarinette et au saxo, est pianiste, comme leur maman. Leur papa, lui, vous savez, c’est la guitare.

Elle n’a pas oublié cet instrument. On la pousse trop au violon au Conservatoire, l’idéal étant de passer les examens avant l’âge quand on est doué. Elle se décourage. Comme ce n’est pas l’idée que ses parents se font de la musique, elle arrête pour ne plus se consacrer qu’au basket. Or, un jour, une idée lui vient : « Papa, tu pourrais me prêter ta guitare, je voudrais apprendre à en jouer ? ». C’est alors le début d’une longue histoire car elle apprend quasiment toute seule, trouve pour cela tout ce dont elle a besoin sur internet et progresse vite (il faudra quand même un jour revoir les barrés…). Naturellement, elle reprend les standards et tout naturellement les chante. Et puis les mélodies viennent d’elles-mêmes, ses paroles, ses musiques. C’est le début de la composition.

L’anglais, incontournable, non ? Oui puisque Solène compose dans cette langue. Mais c’est surtout l’histoire d’une rencontre, d’une entente, d’une découverte, réciproque semble-t-il. Solène est alors au lycée. Sa professeure d’anglais est tout simplement fascinante pas ses compétences, son dévouement, sa générosité, sa personnalité. Ah ! ça ! on en entend parler à la maison de Mrs T. ! « Y a quelqu’un, là ! », comme dirait son frère. Mrs T. sait détecter, encourager et faire progresser les talents. C’est ainsi que Solène se produit en classe devant les camarades, interprétant une de ses premières chansons. Ce sera le début d’une collaboration. Mrs T. n’a pourtant pas beaucoup de temps libre car elle exerce son métier d’enseignante avec beaucoup de sérieux et de cœur mais elle propose à Solène de lui corriger les textes de ses chansons. Vous aurez compris que c’est le début d’une belle amitié. Ayant bouclé un master aujourd’hui, Solène est devenue professeure des écoles, une enseignante comme Mrs T. et comme ses parents.

La musique, inséparable, non ? C’est à nouveau l’histoire d’une nouvelle rencontre, avec Mrs G. à l’université, car « là aussi, y a quelqu’un… » qui travaille avec tout autant de passion et lui permettra de se spécialiser en Soundpainting. Une nouvelle amitié. Le mémoire de Solène a été édité.

L’aisance sur scène de Solène se manifeste dès ses débuts. Lors de ses auditions, de ses examens, en classe ou à tout autre occasion, elle joue et chante sans trac apparent. Sa voix n’est jamais forcée, elle chante de façon naturelle. Vous connaissez le résultat. On a tous en tête la fois où elle nous a tous bluffés !

Elle vient de composer une chanson qu’elle a intitulée My Rainbow et qu’elle a postée sur internet. Ne voilà-t-il pas qu’un musico suédois, Ricky, la contacte pour lui faire entendre l’orchestration qu’il en a faite, avec ses copains. Solène tente sa chance au tremplin RTL2 Pop Rock Tour pour promouvoir les jeunes talents et envoie quelques titres dont celui-ci dans cette version. Elle est sélectionnée parmi un grand nombre de candidats et doit se produire à Bourges pour une ultime sélection, seule en scène, avec sa guitare. Elle part seule, se prépare seule, règle les balances en vraie pro et bluffe tout le monde par son aisance, sa voix, son jeu, sa prestation. Et son public est là. C’est la période où elle s’est équipée de quoi enregistrer et mixer depuis chez elle. Les titres s’enchaînent, les scènes, les rendez-vous, les rencontres et les expériences. En fil rouge, une constante, elle assure toute seule !

Plusieurs formations verront le jour autour d’elle lorsqu’elle recrutera des musicos pour former des groupes. Aujourd’hui, dans la mémoire de ses fans du début, les formations réduites comme celle avec Benoît en seconde guitare, avec Cédric à la trompette ou plus récemment avec Mathilde en seconde guitare (merci infiniment, Mathilde, d’avoir repris les riffs de guitare de Ricky pour My Rainbow), restent de tout premier ordre, d’efficacité et de virtuosité. C’est cela qui permet à Solène de rester elle-même. Dieu l’aime, c’est un de ses titres. Solène chante également la vie, les sentiments, le monde qui l’entoure. Née en 1990, Solène est déjà répertoriée à Bibliothèque Nationale de France pour son EP Life in Silence. On parle d’Enelos, bien sûr.

Petite anecdote. Parmi les baby-sitters qui l’ont vue toute petite, il n’y a eu qu’un seul garçon (souvenez-vous), et non des moindres puisqu’ils se sont retrouvés ensuite sur scène. Il s’agit du virtuose Cédric Thomas qui est devenu trompettiste professionnel. Etonnant, non !

Hervé Coquillon

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